Dans son plan d’affaires initial, qu’elle a commencé à rédiger en 2013, Elizabeth Stefanka imaginait déjà recourir à la technologie pour habiller une variété de corps. « Mais je pensais y arriver seulement dans 5 ou 10 ans, relate la trentenaire originaire de Beauce. On a devancé notre modèle d’affaires pour se concentrer sur la technologie. »
Incorporée en 2014, Stefanka, son entreprise basée à Montréal, produit alors des soutiens-gorge adaptés à la morphologie des clientes grâce à un système de modélisation en trois dimensions. C’est le début de la cabine d’essayage interactive qui capte les volumes du corps à l’aide d’une caméra 3D. La cliente enfile un soutien-gorge spécial, s’assoit dans la cabine et pivote sur elle-même. Les mensurations ultraprécises permettent ensuite de déterminer quels vêtements en magasin lui correspondront le mieux.
« C’est comme trouver le moule qui s’adapte vraiment à notre forme, plutôt que d’essayer de nous faire entrer dans un moule qui dénature notre silhouette. »
Flairant là une nouvelle occasion d’affaires, l’entrepreneure mise tout sur son logiciel d’algorithmes de correspondances développé de pair avec des experts en techno. Aujourd’hui, ses solutions interactives de recommandations de vêtements, que ce soit la cabine d’essayage interactive en magasin, le logiciel dans une interface tactile (iPad ou autre) sur lequel le personnel de vente entre les mensurations des clients, ou encore le module externe (plug-in) branché sur le site Web des commerçants où les internautes entrent eux-mêmes leurs mesures, annoncent une révolution auprès des manufacturiers et des détaillants.
« Notre approche est une première mondiale, se réjouit Elizabeth. On est impliqués dans toute la chaîne d’approvisionnement : on prend les données primaires, c’est-à-dire les mesures des vêtements fournies par les fabricants, et on les compare aux mensurations réelles des gens, de façon à ce que tous – les consommateurs de mode comme les employés d’hôtel et les militaires de l’armée – puissent porter des vêtements bien ajustés. »
L’éventail de ses clients se déploie autant du côté des petites entreprises innovantes comme Moov Activewear que celui des grands groupes millionnaires, avec qui elle mène des pourparlers, ici et aux États-Unis.
« Le commerce de détail entre dans une nouvelle ère, et il faut avoir l’audace d’oser pour inventer un marché qui n’existe pas encore, souligne Elizabeth. Tout un travail d’éducation reste à faire pour bien comprendre les besoins des consommateurs. Et nous, nous sommes prêts ! »